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richard wagner

a été si tourmentée et si pénible, il veut se persuader qu’il s’est enfin créé une retraite à l’abri de toute atteinte où il pourra désormais vivre en paix ; mais, lui-même, il sait bien qu’il se leurre. Le repos peut-il exister pour un esprit comme le sien qu’une impulsion irrésistible pousse toujours en avant, toujours plus haut ? Illusion ! folie ! de marquer ainsi le point d’arrivée, de sculpter sa dalle funéraire et de creuser sa tombe quand tant de désirs fermentent encore, quand tant de rêves s’ébauchent qu’il faudra atteindre et dédaigner à leur tour.

Les légendes du Nord, les mythologies brumeuses étaient touchantes ou grandioses ; pourtant ce n’est pas tout, l’Orient reste encore à conquérir : la Perse, l’Inde et les splendeurs du Ramayana et les douces paroles du Bouddha qui médite ; mais comment concevoir ces lumineuses créations, à travers le voile de brouillards que les nornes maussades tissent sur nos froids pays ? il faudrait voir le soleil, le vrai soleil, celui qui répand à profusion chaleur