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Page:Gautier - Richard Wagner et son œuvre poétique, 1882.djvu/66

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richard wagner

il se sait parfaitement aimé ; car il n’a rien, lui, de l’impassibilité égoïste qui atteint si souvent les grands hommes arrivés à un certain degré de gloire ; il est plutôt, comme nous l’avons dit déjà, trop sensible, se laisse dominer par la violence momentanée de ses impressions, et la seule inquiétude qu’il cause à ses proches, qui ne respirent que pour lui, vient justement de cette véhémence dans ses tristesses, dans ses joies comme dans ses colères, à laquelle une nature moins bien trempée que la sienne ne résisterait pas. Il peut oublier quelquefois, changer même complètement d’avis, aimer ce qu’il détestait, et c’est toujours avec la même sincérité.

Nous passons à la salle à manger. Le maître est maintenant d’une gaieté pleine de verve, il s’exprime en français avec un peu de difficulté, ce qui ne l’empêche pas de manier toujours le jeu de mots comme personne.

Il nous parle de son voyage à Naples et à Venise, du plaisir que lui a causé l’Italie, et nous devinons bientôt en lui une nostalgie