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Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/101

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au jeu. D’Aversac est un faux garçon d’esprit, comme Mme d’Ymbercourt est une fausse belle femme. Ils se conviennent parfaitement : je les juge d’une façon tout à fait désintéressée depuis que les affaires de ce monde ne me concernent plus. Ils feraient « des époux assortis dans les liens du mariage, » comme dit je ne sais plus quelle chanson. »

Tel fut le résultat du manège de Mme d’Ymbercourt, qui, apercevant Guy, s’était penchée un peu plus peut-être qu’il ne convenait sur le bord de la calèche pour répondre aux gracieusetés de M. d’Aversac. La pauvre comtesse pensait ramener son tiède adorateur par une excitation d’amour-propre. Elle n’avait fait qu’entrevoir la tournure de Spirite, mais elle avait deviné en elle une rivale redoutable. L’empressement de Guy, d’ordinaire si calme, à poursuivre ce traîneau mystérieux, et cette femme que jamais personne n’avait rencontrée au Bois, l’avait blessée au vif ; car elle ne s’était pas payée de l’excuse donnée avec tant de précipitation, et ne croyait pas que Grymalkin se fût emporté. D’Aversac, qui se rengorgeait d’aise, n’ayant pas l’habitude d’être si bien traité, attribuait modestement à son propre mérite ce qu’il eût été plus sage d’expliquer par un dépit féminin. Dans sa magnanimité, il plaignit même ce pauvre Malivert, trop sûr de l’affection de Mme d’Ymbercourt. On peut aisément supposer