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Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/106

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Comme pour bien indiquer que la main n’était là qu’un signe, le bras et le corps étaient absents. Pendant que Guy la regardait avec des yeux qui ne s’étonnaient plus de l’extraordinaire, les doigts de la main s’allongèrent sur une des feuilles de papier à lettres qui jonchaient confusément la table et simulèrent les mouvements que nécessite l’écriture, ils semblaient tracer des lignes, et quand ils eurent parcouru toute la page avec cette rapidité des acteurs écrivant une lettre dans quelque scène de comédie, Guy se saisit de la feuille, croyant y trouver des phrases écrites, des signes inconnus ou connus. Le papier était tout blanc. Guy regardait la feuille d’un air assez décontenancé ; il l’approchait de la lampe, la scrutait dans tous les sens et sous toutes les incidences de lumière sans y découvrir la moindre trace de caractères formés. Cependant la main continuait sur une autre feuille le même travail imaginaire, et ne donnant en apparence aucun résultat.

« Que signifie ce jeu ? se demanda Malivert. Spirite écrirait-elle avec de l’encre sympathique qu’il faut approcher du feu pour faire sortir les lettres tracées ? Mais les doigts mystérieux ne tiennent ni plume, ni ombre de plume. Qu’est-ce que cela veut dire ? Dois-je servir moi-même de secrétaire à l’esprit, être mon propre médium, pour me servir du terme consacré ? Les esprits,