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Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/237

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arrivé quelque malheur à ce cher maître, — après tout c’est un bon maître, — je ne m’en consolerais que si je trouvais une meilleure place ! J’ai bien envie d’aller à sa recherche, mais de quel côté ? qui sait où sa fantaisie l’a poussé ! aux sites les plus extravagants et les plus impraticables, dans ces casse-cou et ces fondrières qu’il appelle pittoresques et dont il prend le signalement sur son album comme si c’était chose curieuse ! Allons, je lui donne encore trois jours pour réintégrer le domicile, après quoi je le fais tambouriner et afficher à tous les carrefours comme un chien perdu, avec promesse de récompense honnête à qui le ramènera. »

En sa qualité de serviteur sceptique et moderne, se moquant fort du valet de chambre dévoué et fidèle à la mode ancienne, l’honnête Jack raillait son inquiétude très véritable. Au fond il aimait Guy de Malivert et lui était attaché. Quoiqu’il se sût porté sur le testament de son maître pour une somme qui lui assurait une modeste aisance, il n’en désirait pas la mort.

L’hôte commençait à se montrer soucieux, non de Malivert, dont la dépense était payée, mais des deux chevaux qu’il avait fournis pour l’expédition. Comme il se lamentait sur le sort problématique de ces deux bêtes sans pareilles, d’un pied si sûr, d’une allure si douce, d’une bouche si tendre et qu’on conduisait avec un fil de soie, Jack, impa-