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Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/48

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s’empêcher de convenir que Mme d’Ymbercourt était correctement belle, jouissait d’une réputation intacte et possédait une fortune assez considérable. Il s’était laissé aller, sans charme, comme tous les gens dont le cœur est vide, à l’habitude de cette maison où on lui faisait meilleur accueil que dans toute autre. Il y revenait, parce qu’au bout de quelques jours d’absence, un billet d’une insistance aimable le forçait à reparaître.

D’ailleurs, pourquoi n’y serait-il pas allé ? Mme d’Ymbercourt recevait assez bonne compagnie, et il rencontrait là, certains jours, quelques-uns de ses amis qu’il lui eût été moins commode de chercher à travers l’éparpillement de la vie parisienne.

« Vous avez l’air un peu souffrant, dit Malivert à la comtesse ; est-ce que vous auriez passé une nuit agitée par les diablotins du thé vert ?

— Oh ! non ; j’y mets tant de crème qu’il n’a plus aucune force. Et puis je suis le Mithridate du thé, il n’agit plus sur moi. Ce n’est pas cela, je suis contrariée.

— Est-ce que ma visite tombe mal et dérange quelques-uns de vos projets ? Alors je me retire, et ce sera comme si, ne vous trouvant pas, j’eusse mis ma carte chez votre concierge.

— Vous ne me gênez nullement, et vous savez que je vous vois toujours avec plaisir, répondit la comtesse. Vos visites, je ne devrais peut-être pas