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Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/51

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des brimborions dont les amoureux composent leur musée secret. Franchement ai-je l’air d’un homme à bonnes fortunes ?

— Vous êtes bien modeste, reprit Mme d’Ymbercourt, ou vous vous faites innocent à plaisir ; mais tout le monde, par malheur, n’est pas de votre avis. On trouve à redire aux soins que vous me rendez, quoique pour ma part je n’y voie aucun mal.

— Eh bien ! fit Malivert, j’espacerai mes visites, je ne viendrai plus que tous les quinze jours, tous les mois ; et puis je ferai un voyage. Où irai-je, par exemple ? Je connais l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, la Russie. Si j’allais en Grèce ! Ne pas avoir vu Athènes, l’Acropole et le Parthénon est un crime. On peut prendre la voie de Marseille ou s’embarquer à Trieste sur les bateaux à vapeur du Lloyd autrichien. On touche à Corfou ; on voit en passant Ithaque soli occidenti bene objacentem, bien exposée au soleil couchant, aujourd’hui comme du temps d’Homère. On pénètre jusqu’au fond du golfe de Lépante. L’on traverse l’isthme, on voit ce qui reste de cette Corinthe où il n’était pas donné à tout le monde d’aller. Un autre bateau vous reprend, et en quelques heures on est au Pirée. Beaumont m’a conté tout cela. Il était parti romantique enragé ; il a reçu là-bas sa métope sur la tête et ne veut plus entendre parler de cathédrales. C’est un classique rigide maintenant. Il prétend que, depuis les