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Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/64

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vous donner l’autre soir chez Mme d’Ymbercourt ; vous ne m’aviez pas fait de confidences, et c’est une sorte d’indiscrétion à moi d’être entré dans votre pensée sans que vous me l’ayez ouverte. Je ne l’aurais pas fait, car il n’est pas dans ma nature de quitter mon rôle d’homme du monde pour celui de magicien, si je ne vous eusse porté un vif intérêt et si je n’avais reconnu à des signes perceptibles pour les seuls adeptes que vous aviez reçu récemment la visite d’un esprit, ou tout au moins que le monde invisible cherchait à se mettre en communication avec vous. »

Guy affirma que le baron ne l’avait choqué en rien, et que, dans une situation si nouvelle, il était, au contraire, fort heureux d’avoir rencontré un guide qui semblait si au courant des choses surnaturelles et dont le caractère sérieux lui était parfaitement connu.

« Vous sentez bien, répondit le baron avec une légère inclination de tête en manière de remerciement, que je ne me dépars pas aisément de cette réserve ; mais vous en avez peut-être vu assez pour ne pas croire que tout finit où s’arrêtent nos sens, et je ne crains pas désormais, si notre entretien se porte vers ces sujets mystérieux, que vous me preniez pour un visionnaire ou un illuminé ; ma position me met au-dessus du soupçon de charlatanisme, et, d’ailleurs, je ne livre au monde que ma vie