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Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/136

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elles, il n’est plus qu’une espérance, la mort qui doit les engloutir dans sa nuit, la mort qui mettra fin à leurs lamentables douleurs. »

Ne dirait-on pas, à ce tableau, que Thèbes est investie non par des Grecs mais par une armée prussienne ?

Heureusement Thèbes est sauvée. Étéocle oppose aux sept chefs qui attaquent les sept portes de la ville autant de chefs habiles et vaillants soutenus sans doute de troupes solides, car la tragédie n’en parle pas par un procédé de simplification familier à Eschyle.

L’éclaireur, qui est décidément le plus grand poëte du monde, décrit à Étéocle en vers admirables la physionomie, l’attitude et l’armure de chacun des sept chefs. Prenons au hasard le portrait de Tydée. Le lecteur ne sera peut-être pas fâché de voir le portrait d’un chef achéen. « Ce guerrier secoue en criant les trois épaisses aigrettes, crinière de son casque, et les sonnettes d’airain qui pendent à son bouclier sonnent l’épouvante. Sur le bouclier, il porte un fastueux emblème : c’est l’image du ciel avec ses astres resplendissants. Au milieu brille la pleine lune, la reine des astres, l’œil de la nuit. C’est ainsi que Tydée,