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Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/147

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relie entre eux, sans signification pour le promeneur inattentif, résulte une composition délicieuse, d’une sensibilité et d’une poésie attendrissantes.

M. Puvis de Chavannes a rapporté du rempart un dessin superbe qu’il a fait lithographier et qui rappelle la manière grande et simple de l’artiste à qui l’on doit ces magnifiques fresques sur toile la Guerre, la Paix, le Travail et le Repos.

Une femme, mince, svelte, en longue robe de deuil, les cheveux coupés comme ceux d’une veuve, la main droite appuyée sur un chassepot armé de sa baïonnette, et la main gauche étendue vers le ciel, le visage en profil perdu, se tient debout sur le terre-plein d’un bastion. Les plis de son vêtement, se brisant à ses pieds comme des cassures de draperies gothiques, lui font un socle qui l’exhausse et ajoute à son élégance.

Un peu au-dessous d’elle, on aperçoit des canons, des tentes, des gabionnades, des amas de boulets ; d’un fort qu’à sa silhouette on reconnaît pour le Mont-Valérien, s’échappent des nuages de fumée horizontale, et dans un coin du ciel déjà estompé par l’éloignement s’efface la