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Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/166

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cause des baraques d’ambulance occupant cette partie du Jardin. A travers les vitres des fenêtres on apercevait les rangées de lits et les malades couchés de leur long ou soulevés sur leur séant et tenant en main quelque journal, suivant la gravité de leurs blessures. C’était un spectacle étrange que ces asiles des victimes de la guerre dans cette retraite de la science et de la rêverie, où, tout jeune, nous venions scander nos premiers vers. Il y a bien longtemps de cela.

Une porte latérale, ouverte un peu plus loin, nous permit de pénétrer dans le Jardin, où la première bête qui nous salua du regard, le museau appuyé contre le treillis de son enceinte, fut un cheval nain des îles Schetland, tout ébouriffé et tout bourru sous son poil d’hiver ; vu la petitesse de sa taille ; il aurait fourni un nombre médiocre de kilogrammes à l’hippophagie. Nous nous trouvâmes bientôt devant les loges des animaux appelés bêtes féroces par les hommes, qui feraient bien peut-être de se réserver ce titre pour eux-mêmes. Quelques-unes des cages avaient été blindées en prévision du bombardement, qui n’était pas commencé encore. Ce blindage con-