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Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/197

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mellia entouré de fleurs variées qu’on place au milieu des bouquets de bal, elles attirent et concentrent la lumière, et leur éclat se répand par douces ondulations sur les teintes fraîches qui l’environnent. La femme à demi allongée dans une pose assouplie par les langueurs du kief rappelle cette délicieuse Haoua dont Fromentin, dans une Année au Sahel, trace un si délicieux portrait avec une plume qui vaut son pinceau. On ne saurait trop admirer l’étonnante harmonie de ces étoffes, de ces tapis, de ces accessoires de couleurs disparates en apparence, mais dont les contrastes se résolvent en un accord parfait. Depuis les Femmes d’Alger, d’Eugène Delacroix, aucun peintre n’a mieux su baigner d’une ombre limpide le chatoiement d’un riche intérieur moresque.

La seconde de ces aquarelles a pour sujet un intérieur encore, mais d’une signification et d’une valeur toutes différentes. Sur un divan encombré de carreaux de brocart, de soie ou de maroquin, est assis ou plutôt accroupi un jeune homme nu jusqu’à la ceinture, basané presque comme un mulâtre, et le bras s’appuyant au genou avec un mouvement plein de science et de hardiesse.