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Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/235

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nées avec leurs chenets, des portraits de famille suspendus à la muraille, un pot à l’eau sur une toilette, des vaisselles de ménage sur des planches d’armoire, des matelas éviscérés, des chaises marquant, auprès du foyer, la place des hôtes disparus ; une commode près de glisser au fond de l’abîme, et retenue en l’air par un équilibre bizarre. Mille petits détails révèlent la vie intime de ces maisons, naguère si gaies et si heureuses Nous avons pu même reconnaître un portrait lithographié de Louis-Philippe, encadré de sapin verni, et toujours accroché au troisième étage d’une habitation effondrée. Des fragments d’escalier, comme dans les eaux-fortes de Piranese, aboutissent au vide ; des portes ouvrent sur le ciel ; des balcons restent appliqués, d’une manière hasardeuse, à des façades démantelées et trouées à jour, décrivant d’étranges arabesques, que reproduisent des photographes encapuchonnés de noir comme des nécrophores, et la tête courbée sur leur boîte.

Détail touchant ! une statuette de la sainte Vierge, dans sa petite niche grillée, a échappé aux flammes avec ses bouquets et ses couronnes. Les âmes pieuses auraient vu jadis un miracle