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Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/5

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de plus d’ornements une image sacrée. Ce ne sont pas, il est vrai, des robes ramagées de perles, des auréoles constellées de diamants, des manteaux de brocart d’or brodés de rubis et de saphirs comme en porte la Vierge de Tolède, mais des drapeaux tricolores lui composent une sorte de tunique guerrière qui semble rayée par les filets d’un sang pur.

Sur sa couronne de créneaux, on a posé des couronnes de fleurs. Elle disparaît presque sous l’entassement des bouquets et des ex-voto patriotiques. Le soir, pareilles aux petits cierges que les âmes pieuses font brûler dans les églises devant la Mère divine, les lanternes vénitiennes s’allument et jettent leurs reflets sur la statue impassible et sereine. Ses traits, d’une beauté fière, ne trahissent par aucune contraction qu’elle a, enfoncés dans la poitrine, les sept glaives de douleurs. On dirait presque qu’elle sourit quand la lueur rose des lanternes flotte sur ses lèvres pâles. Des banderoles où sont tracées des inscriptions enthousiastes voltigent autour d’elle.

Sur le piédestal se lisent des cris d’amour et d’admiration. Des pièces de vers, des stances sont écrites au crayon, et si l’art manque à ces