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Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/54

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improvisation à étonner les Américains, si expéditifs pourtant.

On monte sur le tablier du pont par un large escalier en pierre. Une cloison de plaques de fonte, ornée de quelques arabesques en relief, sépare les deux voies. Sur le parapet qui regarde Charenton, des sacs de terre sont rangés symétriquement. Une embrasure assez large permet de voir le cours du fleuve, barré par trois lignes de pieux, de bateaux mis en travers et de pontons, sous la garde d’une chaloupe canonnière. Le ciel est d’un blanc laiteux, triste malgré sa splendeur. L’intensité de la lumière donne une teinte sombre aux objets. Autant que la vue peut s’étendre, solitude complète. Des nombreuses cheminées d’usines qui s’élèvent de ce côté, semblables à une forêt d’obélisques de granit, une seule fume. Sur la rivière, ordinairement si animée, pas l’apparence d’une barque. Au bout du pont, le rempart, qui s’est interrompu pour ouvrir passage au fleuve, continue sa ligne.

Avant d’aller plus loin, il ne serait peut-être pas hors de propos de dire avec quelque détail en quoi consiste le rempart d’une ville fortifiée.