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Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/7

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avec la foi des anciens jours, sa flèche vertigineuse. Sur ses murs de granit rouge, la rouille du temps verdissait par places, comme sur une armure de cuivre. Les saints montaient la garde dans leur niche découpée en dentelle et, sous le porche, les vierges sages et les vierges folles continuaient leur procession symbolique. Les douze apôtres venaient ponctuellement à l’heure de midi tourner autour de Jésus-Christ, sur l’horloge astronomique de M. Schwilgué, qui remplace celle de Conrad-Dasypodius.

Du coin de la place, la statue d’Erwin de Steinbach, l’architecte de la cathédrale, nous lançait un sourire d’intelligence comme pour nous dire qu’il nous reconnaissait bien. Les cigognes s’envolaient, les pattes tendues en arrière, comme sur la vignette des livres de Delalain, ou se tenaient debout dans leur nid, au sommet d’un de ces immenses toits à six étages de lucarnes qui sont particuliers à Strasbourg.

La ville nous plaisait par sa physionomie pittoresque, et ces petites singularités de détail et d’accent, reflet du pays voisin qu’on retrouve dans les places des frontières. Mais cela n’empêchait pas Strasbourg d’être français et très-fran-