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Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/72

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à l’abri de ces bois que la sève d’automne a empêché d’incendier, ils fouillent le sol comme des taupes et recommencent avec une aveugle ténacité les retranchements que les bombes du Mont-Valérien et les boulets de la canonnière Farcy détruisent chaque matin.

Le fleuve était désert. On n’y voyait qu’une chaloupe cuirassée vers la pointe de l’Île Saint-Germain et les lignes des estacades de défense y traçaient trois barres noires. A gauche et à droite, en contre-bas, à une grande profondeur, car le dernier étage du viaduc, sur lequel passe le train, est très-élevé, s’allongeaient les quais tout hérissés d’obstacles qu’il est inutile de décrire.

Pendant que nous étions là-haut, les batteries d’Auteuil et du Point-du-Jour lancèrent quelques projectiles de gros calibre, avec un bruit dont les échos des arcades redoublaient le fracas. C’était la première fois que nous entendions parler le rempart ; il a le verbe haut et saurait se faire écouter dans un dialogue avec l’ennemi.

Si, contrairement à leurs habitudes, nous disions-nous, il prenait fantaisie aux Prussiens de répondre, quel merveilleux objectif – qu’on nous permette de nous servir une fois de ce cliché à la