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Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 2, 1804.djvu/105

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LE MALENCONTREUX.

tention ; elle étoit le contraire de tout cela. Ayant joui, jusqu’à la révolution, d’une fortune immense, elle avoit, suivant l’usage, été fort gâtée par la flatterie ; naturellement très-coquette, l’excès du malheur n’avoit pu que suspendre ses défauts, et non les détruire : du reste, son cœur n’étoit pas mauvais, et elle ne manquoit pas d’esprit. Je la peins ici telle que je l’ai vue par la suite ; car, lorsque je la menai à Pageroë, j’avois la plus grande vénération pour elle ; d’ailleurs, on voit toujours en beau une personne à laquelle on vient de rendre un grand service, et qui en paroît profondément touchée.

Les quinze premiers jours que je passai à Pageroë, s’écoulèrent pour moi d’une manière délicieuse. J’étois toujours en extase, en contemplant mes appartemens, mes meubles, et sur-tout mon bois, mon jardin et mon pré. Mon bienfaiteur n’avoit rien oublié ; tout ce qui pouvoit compléter mon bonheur, se trouvoit renfermé dans cette enceinte chérie.

Une petite bibliothèque de bois d’aca-