Aller au contenu

Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
102
ESCAL-VIGOR

scabreux de son petit-fils ? Craignit-elle de demander à Blandine d’associer irrévocablement sa destinée à celle d’Henry ? Toujours est-il qu’elle ne formula point son désir suprême. Avec un sourire plein d’ineffable adjuration, elle se borna à presser sacramentellement leurs mains réunies, et elle passa, triste, non de mourir, mais d’abandonner ses enfants.

Par testament, elle laissait à Blandine une somme assez forte pour assurer son indépendance et lui permettre de s’établir. Mais ne l’eût-elle point promis à la morte tant vénérée, que la jeune femme serait demeurée pour la vie avec Henry de Kehlmark.

Quand, quelques mois après la mort de l’aïeule, le comte, de plus en plus dégoûté du monde banal et conforme, annonça à Blandine son projet de s’installer à l’Escal-Vigor, loin de la capitale, dans une île luxuriante et barbare, elle lui dit simplement :

— Cela me convient parfaitement, monsieur Henry.

Malgré leur intimité, il était rare qu’elle ne fît précéder le nom du jeune homme de cette appellation respectueuse.