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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/131

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ESCAL-VIGOR

perdrez votre peine. Le vaurien ne vous fera aucun honneur.

— Au contraire, monsieur le comte, enchérit la sœur du petit, il ne vous vaudra que des affronts. Il ne tient à rien et à personne ou plutôt il a des penchants et des inclinations bizarres ; pensant blanc quand les honnêtes gens pensent noir…

— N’importe, je veux tenter l’expérience ! reprit le comte de Kehlmark en battant de sa cravache la poussière de ses bottes et en mettant le moins d’expression possible dans sa voix. Puis, vous l’avouerais-je, j’aime assez les tâches difficiles, celles qui exigent quelque persévérance et même quelque courage. Ainsi j’ai dompté et dressé pas mal de chevaux rétifs. Je vous confesserai même, et ceci n’est pas à mon honneur, qu’il a suffi parfois de me mettre au défi d’assumer une tâche, pour que je me sois engagé dans l’entreprise. L’obstacle m’excite et le danger me grise. J’ai la manie des gageures. En me confiant cette mauvaise tête, cet indiscipliné, vous m’obligeriez, vrai… Tenez, ajouta-t-il, il se peut que j’aille relancer le bonhomme dès demain en me promenant du côté de Klaarvatsch. Je causerai avec lui et verrai ce qu’il jauge…

— Comme vous voudrez, monsieur le comte,