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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/133

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ESCAL-VIGOR

ne perdait pas un de ses mouvements, et se sentait bizarrement troublé, appréhendant et souhaitant à la fois ce qui allait se passer entre eux… Leurs yeux se rencontrèrent et semblèrent se poser une poignante et subtile interrogation. Alors Kehlmark, pour en finir, aborda le petit, le prit par la main et le regardant jusqu’au fond des prunelles, il lui rapporta non sans balbutier l’offre qu’il avait faite la veille aux siens.

— Tu comprends… Tu viendras tous les jours au château. Je t’apprendrai moi-même à lire et à écrire, à dessiner, à peindre, à brosser de grands tableaux comme ceux que tu admirais l’autre soir. Et nous ferons aussi de la musique, beaucoup de musique ! Tu verras ! Nous ne nous ennuierons point !

L’enfant l’écoutait sans mot dire, si ébaubi qu’il en avait l’air hébété, la bouche ouverte, les yeux écarquillés et fixes, presque hagard.

Le comte se tut, interloqué, croyant avoir fait fausse route, mais continuant à le dévisager. Tout à coup Guidon changea de couleur, son visage se contracta, il éclata d’un rire nerveux. En même temps, au profond émoi de Kehlmark, il reculait et s’efforçait de retirer sa main de la sienne ; on au-