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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/153

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ESCAL-VIGOR

prenait dans la vie du comte. Landrillon se promettait bien d’exploiter au moment opportun cette intimité des deux hommes pour détacher Blandine de son maître. Négligée et même délaissée par Kehlmark, la pauvre femme ne se montrerait que plus disposée à écouter un nouveau galant.

Profitant d’un moment où Blandine était descendue à la cuisine pour y vaquer à quelque besogne ménagère, Landrillon se hasarda un jour à lui faire sa déclaration :

— J’ai quelques petites économies, proféra-t-il, et s’il est vrai que la vieille vous ait laissé une part de son magot, nous ferions un gentil couple, dites, qu’en pensez-vous, mamzelle Blandine ?… Car si vous êtes jolie à croquer, convenez qu’il en est de plus mal tournés que moi. Pas mal de gaillardes de votre sexe se sont d’ailleurs ingéniées à me le persuader ! ajouta le séducteur en se tortillant la moustache.

Très ennuyée par cette déclaration, Blandine déclina froidement et avec dignité l’honneur qu’il voulait lui faire en se dispensant même de lui donner le moindre motif de ce refus.

— Ouais, mamzelle ! Ce n’est point là votre dernier mot. Vous réfléchirez. Sans me vanter, des

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