Aller au contenu

Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
ESCAL-VIGOR

peut-être éternelle, il se rappela leur longue et absolue tendresse de jadis…

— Frère, quelle est la faute si grave qui t’exile ? demanda à plusieurs reprises Tiennet, en cheminant, à son féal. Mais l’autre se taisait et se bornait à le regarder longuement et à hocher la tête.

Ils marchèrent longtemps, le cœur étreint, sans échanger un mot ; mais quand ils atteignirent le carrefour où ils devaient s’embrasser pour la dernière fois, tout à coup, Gérard tourna les talons et montra à Tiennet une lueur rouge à l’horizon, du côté d’où ils étaient partis.

Alors, avec un rire sauvage : « Regarde, dit-il, c’est la maison des vieux qui flambe, et Wanna, ta Wanna brûle avec eux !… À présent, tu m’appartiens pour toujours !

Et il étreignit avec frénésie le jeune homme qui se débattait :

— Gérard ! Tu me fais peur ! Au secours ! Au loup-garou ! Il m’égorge…

— À moi ; c’est moi qui t’ai donné la vie. Je suis plus que ta mère, entends-tu ; donc plus que devrait être n’importe quelle femme !… Tu demandais la cause secrète de mon départ… Tu vas la savoir. Leur prêtre m’a maudit. Je suis voué au