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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/175

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ESCAL-VIGOR

aux pieds du petit pâtre, je t’aime éperdument, je t’aime autant que Gérard aimait Tiennet.

— Moi, je vous aime aussi, cher maître ; et cela de toutes mes forces répondit Guidon en lui jetant les bras au cou. Je suis à vous, à vous seul et sans partage… Est-ce seulement d’à présent que vous le savez ? Faites de moi tout ce que vous voudrez !…

— Je n’eus qu’à te voir, soupira Kehlmark, pour compatir à ta beauté méconnue et fièrement vierge. Mon amour naquit de cette compassion.

— Et moi, mon cher maître, balbutia le petit Govaertz, je n’eus qu’à vous voir pour vous deviner triste et redoutable, et ma dévotion s’engendra de mon anxiété !…

— Le mal prétendu que ton père disait de toi, reprenait le Dykgrave, décida de ma sympathie, et la moue dédaigneuse de ta sœur, la malveillance de son regard, t’illuminèrent désormais à mes yeux d’une permanente lumière de transfiguration !… Je n’osai me déclarer avant de t’avoir revu et je feignis de l’indifférence pour dérouter les tiens et ces camarades trop brusques que j’empêchai le même soir, rien qu’en me rapprochant de leur turbulent essaim, de te harceler, mon en-