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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/183

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ESCAL-VIGOR

plus ; je voulais savoir !… D’abord je refusai d’en croire mes yeux et mes oreilles… Oh, pitié !… Pitié pour vous, monsieur le comte ! Vous avez des ennemis. Le dominé Bomberg vous guette et brûle de vous perdre ! N’attendez pas qu’une imprudence lui donne l’éveil. Cessez de vous compromettre. D’autres que moi auraient pu vous épier l’autre soir. Répudiez cet enfant de malheur ; renvoyez-le à sa bouse et à son étable ! Il en est temps encore… Craignez le scandale. Débarrassez-vous de ce polisson avant qu’on ait raconté tout haut ce que beaucoup, sans doute, commencent à penser et à murmurer tout bas…

— Jamais ! s’écria Kehlmark avec une énergie presque sauvage. Jamais, entendez-vous ?

Encore une fois, je n’ai rien fait de mal, au contraire je ne veux que le bien de cet enfant. Aussi, rien ne me détachera de lui !

— Eh bien, alors, c’est moi qui partirai, dit-elle en se relevant. Si ce funeste petit pastoureau remet encore le pied à l’Escal-Vigor, je vous quitte !

— À votre aise ! Je ne vous retiens pas !

— Oh Henry, supplia-t-elle encore, se peut-il ? Vous n’aurez donc plus la moindre bonté pour moi ! Il me chasse ! Oh Dieu !