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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/204

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ESCAL-VIGOR

personne ! Ah ! Ah ! Ah !

Notre situation mutuelle est encore plus extravagante que je le croyais… Tu n’es vraiment pas dégoûtée. Mais, petite sotte, avec l’argent que te laissait mon aïeule, tu aurais pu te procurer un mâle, un solide amateur de femmes. Tiens, j’y pense, tu ne devais même pas chercher bien loin… Ce Landrillon…


Malheureux Kehlmark !

Dans son besoin de révolte et de représailles, il venait de porter à Blandine la pire des blessures. Ah, le misérable ! Il ne se doutait pas encore du plus grand des sacrifices qu’elle lui avait faits ! L’abandon de sa fortune n’était rien comparé à cet autre holocauste ! Quel démon venait de mettre sur les lèvres imprécatoires du Dykgrave le dernier nom qu’il eût dû prononcer.

Kehlmark ne devait jamais connaître jusqu’à quel point il s’était montré abominable en ce moment, mais à peine le nom de Landrillon fut-il sorti de sa bouche qu’une détente se produisit en lui : le blanc visage, les yeux implorateurs de Blandine lui révélèrent une partie du coup qu’il venait de lui porter.