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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/217

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ESCAL-VIGOR

par ma faute !… Je me convertis à ta religion d’amour, je me dépouille de mes derniers préjugés. Non seulement je t’excuse, mais je t’admire et t’exalte… je consens à ce que tu voudras… Sois tranquille, Henry, tu n’entendras plus une plainte, encore moins un reproche…

Guidon, celui que tu chéris de corps et d’âme, sera mon ami, je serai sa sœur. Nous quitterons ce pays, si tu veux, Henry, nous irons vivre ailleurs, à trois, modestement mais désormais apaisés et réconciliés…

Confondu par tant d’abnégation, le Dykgrave s’écria :

— Oh, ne pouvoir t’aimer que comme une mère, une mère encore plus tendre que la meilleure, ma sainte Blandine, mais seulement une mère !…

Elle lui ferma la bouche par ce cri :

— Ah ! voilà pourquoi quelque chose m’empêcha jadis d’aller rechercher l’autre dans sa prison !

Il y avait du triomphe, de la jubilation dans ce désespoir de Blandine. C’était la folie sublime du sacrifice. La femme s’élevait jusqu’à l’ange.

Elle devait monter plus haut encore, rejeter toute jalousie charnelle.

Joignant le geste à la promesse, elle demanda à