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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/222

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ESCAL-VIGOR

Vrai, il n’en revenait pas.

Mais, quoique interloqué un moment, quand Kehlmark, l’ayant fait appeler, lui signifia ce congé à brûle-pourpoint, son effronterie reprit bientôt le dessus :

— Ouais, monsieur le comte, gouailla-t-il, vous croyez que nos relations vont en rester là ! Que nenni ! Vous n’aurez pas fini de sitôt avec moi. On sait beaucoup de choses, car on n’a pas eu les yeux et les oreilles en poche.

— Canaille ! fit Kehlmark en faisant baisser les yeux par un regard intrépide et loyal au coquin qui se flattait de l’intimider. Sortez ! Je me ris de vos complots ! Toutefois, apprenez qu’à la moindre diffamation qui nous viserait, moi ou les êtres qui me sont chers, je vous en rendrais responsable et vous ferais traîner devant les tribunaux…

Et comme le valet contractait les lèvres pour lancer quelque parole immonde, d’un geste Kehlmark le mit dehors, tête basse, en lui faisant rentrer l’injure dans la gorge.


Ayant fait ses paquets, Landrillon, blême de rage, ivre de vengeance, rejoignit Blandine, se flattant de se rabattre sur celle-ci et de la terroriser pour deux.