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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/240

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ESCAL-VIGOR

— Non, Kehlmark sera mon époux. Il faut une comtesse dans un château. D’ailleurs, il n’aime plus cette Blandine…

— Mais il ne t’aime pas davantage…

— Il m’aimera…

— Jamais…

— Pourquoi, jamais ?

— Tu verras !

— Écoute, lui dit-elle, tu sais l’usage établi en cette île. Demain est le grand jour de la kermesse, la Saint-Olfgar… Or, malgré les évêques catholiques ou protestants, depuis que les femmes de Smaragdis déchirèrent l’apôtre qui se refusait à leur folie, à chaque anniversaire du martyre les jeunes filles ont coutume de se déclarer au garçon timide ou récalcitrant qu’elles convoitent pour époux. Je vais user de ce droit. Demain matin, je me rendrai à l’Escal-Vigor et je me fais fort de revenir du château avec la promesse du châtelain…

— Lanlaire !

— Tu ne crois point ? Eh bien j’en suis si sûre, moi, que s’il me refuse je me donnerai à toi, Landrillon. Je serai ta femme, et même, dès demain soir, après la danse, je te paierai comptant…

Par cette brutale promesse, l’orgueilleuse fille ne