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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/256

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ESCAL-VIGOR

térale, l’interpellant, l’enfermant dans ses lacs.

— Voyez donc ce grand dadais qu’on rencontre seul par les routes !

— Ô le joli garçon qui se dérobe !

— Fi donc ! Un jour de kermesse !

— Par saint Olfgar ! Cela vous a le duvet à la lèvre et n’a jamais touché à une fille. Demandez plutôt à sa propre sœur !

Elles le pressaient, lui tenaient force propos incendiaires avec volubilité ; elles menaçaient de le fouiller, se frottaient à lui avec des déhanchements, en se renversant, le corsage relâché, la bouche entr’ouverte comme une corolle de fleur pâmée au soleil.

— Elles ont raison, frérot ! intervint Claudie, en s’avançant, atrocement pateline. Il y a longtemps que tu es homme. Remplis ton devoir de galant. Fais ton choix. Que te faut-il pour te décider ? Voici dix rudes compagnes qui t’ont attendu, des plus belles de la contrée. Elles ne manquaient point d’amateurs. Ne les as-tu pas entendues bramer tout le jour par la campagne ? Mais sur ma recommandation, elles ont consenti à t’accorder la préférence. Aucune ne se rendra à une autre sommation avant que tu ne te sois décidé… Et