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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/261

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ESCAL-VIGOR

Cette fois, Guidon, réduit à l’impuissance, gisait, aux trois quarts nu, car les furies ne s’étaient pas contentées de lui rabattre les chausses, elles avaient mis son vêtement en pièces.

Alors, sur l’instigation de Claudie, les serres de ces harpies violèrent, à tour de rôle, la chair récalcitrante et horrifiée du malheureux.

Guidon avait fini par se taire ; il pleurait, essayait de se raidir ; ses tortillements devenaient des convulsions, il pantelait malgré lui ; son spasme tournait au râle de l’agonie, et au lieu de sève elles ne tiraient plus que du sang. N’importe. L’attentat recommença. Elles juraient de tarir ses forces, mais, essoufflées par leur action, cessaient leurs clabauderies.

Cependant, aux cris poussés d’abord par la victime et ses persécutrices, d’autres femmes, d’autres villageois étaient accourus des rôtisseries et des bastringues. Ivres, affriolés, dès qu’on les eût mis au courant, ils applaudirent, jubilèrent, trouvant la plaisanterie croustilleuse.

On s’attroupait, on faisait cercle, on jouait des coudes pour voir. Des couples qui s’étaient écartés interrompirent leurs intimes ébats pour venir prendre leur part de ces dérisions érotiques. De tout