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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/72

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ESCAL-VIGOR

dernières beuveries et sarabandes auxquelles elle prit part. Mais ce qui l’enivre, c’est bien plus cette fermentation de robuste jeunesse autour d’elle, que le parfum des roses et la bière sucrée. Quasi somnanbulique, presque défaillante de bien-être, elle reprend place sur le « Rozenland » ou bien elle en descend avec les autres ; et le refrain toujours répété concourt à son état de demi-veille.

Cependant, à travers la campagne, les charrettes bâchées de toile blanche, aux cerceaux de fleurs, roulent plus lentement. Valets et servantes entendent bruire et sentent courir sur leur nuque comme une énervante brise d’équinoxe. C’est la respiration chaude des couples affalés sur les banquettes derrière eux. Elles soupirent ; ils halètent… La petiote finissait par s’endormir, assoupie par cette atmosphère plus capiteuse que les bouffées de la fenaison. Comme personne ne s’offre à la reconduire, il serait temps pour elle de mettre pied à terre et de rebrousser chemin, car les autres ne songent pas encore au retour, et le « pays de roses » est loin de la dernière station de son pèlerinage aux chapelles du boire. Pour la bande luronne le vrai plaisir ne fait même que commencer.

Enfin on se décide à réveiller la benjamine. L’un