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Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/182

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la finesse du tact a besoin d’exercice. Le goût, l’oreille, sont susceptibles de se former, et souvent on se croit absolument incapable d’apprécier l’harmonie, uniquement à cause du préjugé qui sépare la musique du domaine de l’intelligence. Au contraire, personne ne veut paraître insensible aux beautés littéraires, et une éducation, à laquelle on attache une haute importance, prépare l’homme du monde à porter des jugements raisonnables, ou au moins à savoir choisir les autorités qui doivent lui fournir les opinions qu’il pourra émettre sans honte. À l’égard de la musique, les choses se passent autrement. L’enfant qui n’éprouve pas une grande sensibilité aux premiers accords qu’on lui fait entendre est regardé comme n’étant pas organisé pour cet art. Souvent l’enseignement est mauvais ; l’on juge, d’après le défaut de progrès, que l’élève est incapable d’apprendre, et l’argument tiré de l’inutilité de l’art en lui-même fait qu’on l’abandonne bientôt.

Ainsi, à moins d’être assez heureusement né pour annoncer, dès les premiers essais, des dispositions remarquables, l’enfant, quand sa famille est elle-même étrangère au goût de la mu-