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Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/355

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mémoire sur mémoire — deux fois le concours fut remis — et ce ne fut qu’en 1816 que son dernier mémoire fut couronné dans la séance publique de l’Institut.

« L’émotion fut grande, quand l’ouverture du billet cacheté fit connaître que c’était une femme qui remportait le prix. Sophie Germain avait désormais conquis une place parmi les savants, et tous les témoignages de l’époque montrent quelle confraternité intellectuelle s’établit entre elle et les hommes les plus illustres de ce temps. C’est entourée de leur respect, de leurs conseils, de leurs encouragements, traitée par eux en égale, participant à leurs travaux, assistant aux séances de l’Institut, qu’elle passa ses dernières années malheureusement attristées par les souffrances d’un mal qui ne pardonne pas. Elle mourut, encore jeune, dans toute sa liberté d’esprit, le 27 juin 1831, âgée de cinquante-cinq ans.

« Mesdames et Messieurs, si ce récit d’une vie bien modeste, sans péripéties, sans événements, vous a, malgré tout, offert quelque intérêt, il faut en rapporter l’honneur à celui qui est là à côté de moi, à mon collègue et ami, M. Hippolyte Stupuy. C’est lui qui, d’une main pieuse, — comme jadis Cicéron retrouvant le tombeau d’Archimède, — a relevé au Père-Lachaise la tombe oubliée de Sophie Germain c’est lui qui a écrit sa vie, publié et commenté ses dernières œuvres et qui a révélé au monde étonné cette noble existence presque ignorée. M. Stupuy est un poète, un mathéma-