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Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/381

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rimentale et comparative ; et nous avons la certitude que la sociologie est une science, mais la plus complexe, et où la difficulté de prévoir nous impose des prudences qui excèdent de beaucoup nos aspirations. Et c’est là la pierre d’achoppement des hommes d’État dont le principal mérite doit souvent consister à se contenir.

En effet, qui pouvait prévoir l’Empire et la Restauration, après la chute effective de la royauté ? Qui a prévu le second Empire après la Révolution de 1848 ? Qui pouvait clairement concevoir la possibilité d’un 16 mai, au lendemain de nos derniers désastres ? Et si nous voulons même envisager des problèmes plus simples et les emprunter à la plus récente actualité, comment expliquer hier, sur l’amnistie, aujourd’hui sur le procès des ministres, les solutions les plus opposées, entre politiciens, dont les aspirations paraissent au fond les mêmes ? Peut-on contester les convictions profondes de chaque parti ? Et qui oserait affirmer que dans un des deux camps il n’y a que des hommes de mauvaise foi ? Non, des deux côtés on raisonne, des deux côtés il y a une logique et celle qui a prévalu pour le moment, se fondant sur de tristes expériences et sur l’apparition de nouveaux éléments de perturbation, a cru devoir faire une part à la pitié et une part à la justice.

Malgré ces objections tirées de la complexité des moindres phénomènes sociologiques, nous voulons re-