Aller au contenu

Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/396

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

posé longtemps tout le domaine des idées exactes ; partout ailleurs on ne retrouvait que les vains efforts du génie pour arriver à la connaissance de la vérité, et les erreurs sans nombre que les doctrines insuffisantes des premiers inventeurs traînaient à leur suite. Le langage mystérieux employé par les philosophes formait, avec la langue précise et claire des sciences exactes, un contraste singulier qui inspirait aux géomètres le plus profond mépris pour les autres sciences. Mais lorsque les phénomènes célestes vinrent se ranger sous les lois du calcul, l’étude des mathématiques devint plus générale, et les bons esprits furent frappés d’une manière d’argumentation si différente de celle de l’école.

« La langue mathématique est celle de la raison dans toute sa pureté ; elle interdit la divagation, elle signale l’erreur involontaire ; il faudrait ne pas la connaître pour la faire servir à l’imposture ».

Ce sont les déductions de cette langue parfaite qui servent à prouver, suivant Sophie Germain, que l’unité d’essence, l’ordre et les proportions du sujet que l’esprit humain cherche obstinément dans les objets de son attention, n’expriment pas seulement les conditions de notre satisfaction intellectuelle, mais qu’elles appartiennent à l’être ou à la vérité.

Quand une question physique a été soumise au calcul mathématique, la nature, docile à la voix de