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Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/400

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la vérité s’insinue ; mais lorsque la mort et le temps les ont séparés de l’envie, lorsque leurs pensées ont reçu l’hommage de plusieurs générations, le génie vu dans l’éloignement a quelque chose de respectable et de sacré ; il s’établit une sorte de prescription, et il faut autant d’efforts pour rectifier ces anciennes pensées qu’il en a fallu pour les faire admettre ».

Quelques lettres signées de noms illustres dans la science complètent ce court volume ; l’éditeur y a admis trois lettres de d’Ansse de Villoison, qui par des louanges exagérées, exprimées en vers latins, avait irrité Sophie Germain et blessé sa modestie. Il croit nécessaire de lui adresser, avec ses excuses et l’expression de ses regrets, sa parole d’honneur d’imposer silence à son admiration enchaînée désormais par le désir d’obtenir son pardon.

Une lettre de l’astronome Lalande, conservée à la Bibliothèque Nationale, et antérieure de cinq années à celle de Villoison, montre que Sophie Germain, à l’âge de vingt ans, recevait déjà très rudement les admirateurs trop empressés. Jusqu’où Lalande, âgé de soixante ans, avait-il porté l’exagération de ses hommages ? Il est difficile de le deviner, mais quels que fussent ses torts, l’indignation de Sophie Germain paraît avoir dépassé la mesure. Lalande, quoi qu’il en soit, s’excuse dans la lettre suivante qui est inédite :