Aller au contenu

Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’être imitateur. Il a fait imprimer beaucoup de morceaux utiles et profonds sur l’histoire et l’art militaire. Il a publié les vers et la prose que les circonstances de sa vie lui ont inspirés : il y a toujours de l’esprit et de l’originalité dans tout ce qui vient de lui ; mais son style est souvent du style parlé, si l’on peut s’exprimer ainsi. Il faut se représenter l’expression de sa belle physionomie, la gaîté caractéristique de ses contes, la simplicité avec laquelle il s’abandonne à la plaisanterie, pour aimer jusqu’aux négligences de sa manière d’écrire. Mais ceux qui ne sont pas sous le charme de sa présence analysent comme un auteur celui qu’il faut écouter en le lisant ; car les défauts mêmes de son style sont une grâce dans sa conversation. Ce qui n’est pas toujours bien clair grammaticalement le devient par l’à propos de la conversation, la finesse du regard, l’inflexion de la voix, tout ce qui donne enfin à l’art de parler mille fois plus de ressources et de charmes qu’à celui d’écrire.