Aller au contenu

Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas que mes lettres vous arrivent ; je n’en recevrai plus de vous, si, comme je l’espère, la guerre éclate l’un de ces jours avec les bons mahométans ; et il faudra se dépêcher de les battre pour vous aller voir bien vite, ma chère Marquise, ou vous adorer, comme une divinité, sans vous voir.


LETTRE IX.

De Moscou.


EN voici bien d’un autre. Cette ville, qui donne, à certains égards, quelqu’idée d’Ispahan, ressemble à quatre ou cinq cents châteaux de grands seigneurs, qui seroient venus, avec leurs villages sur des roulettes, se réunir pour vivre ensemble. Cherchez dans les géographies, les dictionnaires et les voyages tout ce qui regarde Moscou, et dites que je vous l’ai mandé ; mais ce que vous n’y trouverez pas, c’est que les plus grands seigneurs de l’empire, ennuyés de la cour, sont ici frondant et grondant tout à leur aise ; l’Impératrice ne le sait qu’en gros, et ne veut pas le savoir en détail ; elle n’aime point la police pour les propos et l’espionnage de l’intérieur. — Que pensez-vous, me dit-elle, de ces messieurs ?