Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/113

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l’Impératrice m’eût dit ce projet à l’instant même où elle le conçut, le prince vouloit me faire croire que c’étoit le sien. Quelques jours après, l’ayant oublié, il dit qu’il avoit écrit à l’Impératrice de ne pas faire partir sa flotte. — Mais voilà, dit-il, comme elle fait, cette femme, surtout lorsque je n’y suis pas : toujours du gigantesque. Et pourquoi a-t-elle répondu aussi grossièrement à la Prusse, qui lui offroit 50,000 hommes ou de l’argent ? Toujours sa maudite vanité.

— Voilà, lui dis-je, une lettre de l’Empereur qui doit servir de plan pour toute la guerre ; elle contient la marche des opérations ; c’est à vos différens corps à détailler tout cela ensuite, d’après les circonstances. Sa Majesté me charge de vous demander ce qu’on veut faire. — Le prince me dit qu’il m’en rendroit compte le lendemain par écrit.

J’attends un jour, deux, trois, huit, quinze ; enfin m’arrive tout son plan de campagne, et je n’en ai pas eu d’autre. Le voici : Avec l’aide de Dieu j’attaquerai tout ce qui sera entre le Bog et le Niester.

Quoiqu’il n’y ait pas dans tout ceci le mot pour rire, voici une chose qui m’en a donné envie. Nos cosaques, à force de courir, ont pris quatre vilains Tartares qui n’ont pas même