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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/122

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Au mois de mai 1788.


NOUS voici au camp de Novo-Gregori, où nous venons d’apprendre la nouvelle de la première victoire du prince de Nassau sur le Capitan Pacha. Le prince Potemkin me fait chercher, m’embrasse, me dit : Cela vient de Dieu ; voyez cette église ; je l’ai consacrée à St. George, mon patron, et l’affaire de Kinburn a eu lieu le lendemain de sa fête. — Au bout de quelques semaines de séjour et de marches rétrogrades à l’occasion du pont qu’on ne savoit où placer pour passer la maudite rivière, nous nous trouvâmes encore à la hauteur de Novo-Gregori, où nous reçûmes la nouvelle de deux autres victoires du prince de Nassau. Eh bien ! mon ami, me dit le prince Potemkin, en me sautant au cou, que vous ai-je dit de Novo-Gregori ? le voilà encore. Cela n’est-il pas clair ? je suis l’enfant gâté de Dieu : ce sont ses propres paroles, et je ne les rapporte que pour faire connoître l’homme le plus extraordinaire qu’il y ait jamais eu. — Quel bonheur, ajouta le prince ! la garnison d’Oczakow se sauve. Je me mets en marche tout de suite ; venez-vous avec moi ?