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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/125

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Au mois de juin 1788.

Au Camp des Désert.


JE vais me hasarder à bien des choses ; mais zelus domus tuæ comedit me. Votre Majesté Impériale ne s’attend pas à recevoir des conseils de ma part ; et je ne m’en aviserois pas si je n’étois pas sur d’être long-tems sans la voir ; mais j’espère qu’elle les aura suivis, ou qu’elle les aura oubliés d’ici à ce tems-là.

L’Europe est dans une telle confusion qu’il n’y a pas un moment de tems à perdre pour tirer parti des circonstances. Le roi de Prusse est piqué de ce que l’Impératrice lui a fait dire qu’il étoit depuis trop peu de tems sur le trône pour déterminer les intérêts des autres puissances, et qu’il ne devoit pas prétendre arranger trois empires comme la république de Hollande, et les travailler comme la Pologne.

Votre Majesté Impériale l’empêchera de se livrer à ses projets si elle daigne m’écrire une lettre ostensible, où elle promette que deux puissances co-partageantes s’armeront contre celle des trois qui voudroit seulement s’emparer de la plus petite starostie. Sous prétexte de s’opposer aux Turcs, j’ai engagé le prince