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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/128

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Au mois de juillet.

Au Camp sous Oczakow.


LE prince me dit un jour : Cette chienne de place m’embarrasse. Je lui repondis : — Elle vous embarrassera long-tems si vous ne vous y prenez pas plus vigoureusement. Faites une fausse attaque d’un côté, et sautez, de l’autre, dans le retranchement, entrez pêle-mêle, avec la garnison, dans la vieille forteresse, et vous l’aurez. — Croyez-vous, me dit-il, que c’est comme votre Sabatsch, défendu par mille hommes, et pris par vingt mille ?

Je lui repondis qu’il ne devoit s’en souvenir que pour en parler avec respect, et imiter une attaque faite avec tant de vigueur par deux bataillons et S. M. l’Empereur lui-même, qui jugea le moment où l’on devoit donner l’assaut, au milieu des coups de fusil qu’on tiroit de tous les côtes. Le lendemain, lorsque le prince étoit allé visiter une batterie de 16 pièces de canon qu’il avoit établie lui-même en plein champ, à 80 toises du retranchement, il se ressouvint de notre conversation de la veille ; et, dans le tems que les boulets pleuvoient à côté de nous, et avoient tué près de lui un charetier