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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/133

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se cachant dans les crevasses de l’escarpement, tiroient sans cesse, et ne pouvoient pas être délogés : ils y auroient passe la nuit pour attaquer ensuite la batterie, dont ils avoient déjà trouve le chemin à travers les excavations.

Enfin, le prince de Nassau, qui s’attendoit à recevoir des ordres à ce sujet, eut le triple plaisir de sauver la batterie et le prince d’Anhalt, et de se venger du prince Potemkin, en lui faisant son rapport et en s’excusant de ce que sans ordre il s’étoit avancé avec trois chaloupes canonnières, et avoit forcé les Turcs à se retirer. Le prince d’Anhalt avoit déjà déclaré dans son rapport que c’étoit au prince de Nassau qu’il devoit son salut. L’ennemi se retira. Nous eûmes un général-major blessé : un colonel, lui lieutenant-colonel, un major, trois capitaines, dont l’un est neveu du pauvre général Chotousoff, ont été hachés en pièces. On nous a tué près de cent quatre-vingts hommes ; et en tout, depuis sept semaines que nous sommes ici, sans avoir véritablement commencé le siège, nous avons perdu plus de douze cents hommes.

C’est réellement pour épargner le sang que le prince se sert tant de la ruse et de l’argent. Le très-petit Laskasoff, dont la figure amusoit Votre Majesté l’année passée, est sans cesse