Aller au contenu

Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

langue, et le plus brillant Vice-amiral qu’ait jamais eu la Russie : on lui refuse l’existence qui lui est due, et il s’en est fait une en attendant que les lois lui accordent celle qui lui appartient.

Nassau-Siegen, par la naissance, est devenu Nassau Sieger, par ses exploits. Vous savez que Sieger, en allemand, signifie vainqueur ; en françois. Il a été reconnu à Madrid ancien Grand d’Espagne, sans s’en douter ; en Allemagne il est prince de l’Empire, quoique ses états aient été donnés à un autre. Si l’injustice ne l’en avoit pas privé, il auroit dépensé pendant quelque tems, sur des sangliers, et peut-être des braconniers, son caractère fougueux ; mais son goût pour le danger l’auroit bientôt averti de ce qu’il pouvoit valoir à la guerre.

Quelle est donc sa sorcellerie ? Son épée et sa baguette de sorcier. Son exemple et son grimoire. Et puis, son épée est encore son interprète, car il s’en sert pour indiquer la ligne la plus courte quand il s’agit d’attaquer. Des yeux, quelquefois aussi terribles pour les amis que pour les ennemis, achèvent l’explication. Sa manœuvre est dans son coup-d’œil, son talent dans une expérience que son ardeur lui a fait chercher ; sa science dans des ordres