Aller au contenu

Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les Spahis, ainsi que je l’ai dit : et l’autre de faire des trous dans la terre ou dans un retranchement, pour se mettre à couvert des boulets de canon. Chaque homme a son creux, où il reste tapi jusqu’à la fin de la canonnade.

On ne peut pas dire positivement ce qui est infanterie et cavalerie. Le Spahis qui a perdu son cheval va se ranger parmi les fantassins. Le fantassin qui en a gagné, pris ou acheté un, va se ranger parmi les Spahis. Aussi ceux-ci tirent à merveille : et quand ils voient que leur feu peut faire effet, ils se servent beaucoup de leurs fusils ; mais ils ne s’y prennent pas comme la cavalerie chrétienne, qui a toujours tort quand elle en fait usage. Le Spahis saute légèrement à bas de son cheval, tire son coup de fusil, et remonte à cheval avec la même agilité.

Ce qui fait que nous voyons souvent de grands traits de courage de la part du Musulman, c’est qu’il ne se bat jamais sans en avoir envie. Ce n’est qu’en bonne santé, en bonne humeur, et souvent après avoir pris du café, qu’il s’arme pour aller au combat. Il attend même souvent un beau jour, et un beau soleil. Au commencement du siége, je me levois à la pointe du jour, qui, dans nos armées européennes, est souvent l’heure d’une entreprise.