Aller au contenu

Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que vous faites à l’humanité ; vous en êtes plus responsables que nous, qui ne sommes que les exécuteurs de vos hautes-œuvres. Servez cette humanité, et en même tems la politique de plusieurs empires, en laissant en paix ces pauvres Moldaves : leur pays est si beau que toute l’Europe crieroit si l’on vouloit s’en emparer. Rendez-les independans des tyrans de l’Orient. Qu’ils se gouvernent eux-mêmes, et au lieu de leur Hospodar, qui est forcé d’être un despote et un fripon, pour faire sa cour à la Porte Ottomane, qu’on leur donne pour les diriger deux Boyards amovibles tous les trois ans. Rentrant, au bout de ce tems-là, dans la classe commune, ils n’oseront pas abuser de leur autorité, car on le leur feroit payer bien cher ensuite.

Qu’à la paix les cours médiatrices s’amusent à leur faire un petit code de loi, bien simple, qui surtout ne soit pas tracé de la main de la philosophie, mais par quelques jurisconsultes bonnes gens, qui connoissent le climat, le caractère, la religion et les mœurs du pays, et qui donnent une autorité bien souveraine aux deux grands et puissans seigneurs chargés de l’administration.

Quelle carrière pour votre ame et votre esprit ! mais devenez Montesquieu et Louvois