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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/277

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gâtera ce qu’ils ont. La patience, la fidélité, l’obéissance valent bien l’enthousiasme, qui n’est jamais sûr ni durable. Pour une fois qu’il sera bien placé, il le sera vingt fois mal. Il vaut mieux qu’une nation n’ait pas d’avis. Celle qui en a est sujette aux orages, et si un physicien ne place pas bien le conducteur, la foudre tombe sur sa tête.

Les passions des vicieux sont arrêtées par le bourreau. Mais celles des vertueux sont bien plus à craindre. On a vu des amans commettre des crimes, des ministres zélés commencer des guerres, et des hommes purs mais bornés, n’être pas effarouchés des révolutions. Qui dit passion, même pour le bien, dit quelque chose de dangereux. Elles ne sont pas nées avec nous. Quand on dit : comment arrêter une passion ? Je dis : pourquoi la prendre ? C’est un sentiment échauffé par l’imagination qui se roidit contre les obstacles ; c’est un volcan éphémère : mais il y a rarement de ces véritables incendies du cœur et de l’esprit qui seroient des passions.

Ce qui coûte le plus pour plaire, c’est de cacher que l’on s’ennuie. Ce n’est pas en