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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/296

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Celui a qui on accorde une confiance même peu méritée, en sera flatté et tâchera peut-être de s’en montrer digne ; mais celui dont on se méfie mal à propos, ne le pardonnera jamais. Après s’être méfie des gens, on se méfie des choses. On regarde comme impossible ce qui n’est que difficile ; on se persuade que les événemens même les plus probables n’arriveront pas : et puis on se méfie de soi et on n’est plus propre à rien.

Pour peu qu’on soit assez considéré dans le monde pour y jouer un rôle, on est lancé comme une boule qui ne reprend jamais sa tranquillité.

Le monde est aussi lui-même une boule que Dieu fait rouler. Elle ne va peut-être pas toujours bien. Mais elle va et elle ira toujours. On dit : si cet homme qui remplit si bien sa place vient à mourir, comment fera-t-on ? Il est remplacé, et cela va. On dit : si nous ne faisons pas telle chose cette année, qu’est-ce qui arrivera ? rien. Si tel changement n’a pas lieu dans l’administration, tout est perdu. Non, tout s’en tire. Il faut faire, et faire faire à chacun son devoir. Et quand on ne le