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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/307

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Si elle est trop vive, trop ardente, il faut l’arrêter, car en conversation trop de feu refroidit, trop de traits blesse, trop d’esprit humilie. Pour plaire, il faut savoir descendre et se mettre à la portée du plus grand nombre.

L A V A T E R et ceux qui travaillent dans son genre, ont tort s’ils s’imaginent que les yeux de tel pays disent ce que les mêmes yeux expriment dans un autre. Les figures diffèrent comme les langues. Pour les juger, il faut auparavant connoître la nature et l’éducation. L’air, le maintien, la manière de marcher, de parler plus ou moins vite, varient suivant les climats. La paresse d’un Espagnol, le peu de vivacité d’un Allemand, la timidité d’un Anglois, les gestes d’un Italien ne peuvent pas donner l’idée d’un François qui auroit tout ce que je viens de dire. Ne détaillons que l’Italien. Les gestes naissent chez lui de l’habitude et de l’imitation ; et c’est souvent de la chaleur à froid. Mais si un François se remue autant, c’est qu’il est prodigieusement vif, et que ses mouvemens sont décidés par une quantité d’idées qui viennent, qui s’en vont et qui se croisent.

Je connois des yeux en Allemagne qui ne